Résumé : Cet article explore la particularité des besoins des aidants familiaux et explique ce que pourrait leur apporter un psychologue.
Être aidant d’un proche malade, en situation de handicap ou plus âgé, concerne 11 millions de français. Autant dire que nous sommes tous confrontés à cette problématique, soit nous-même, soit un ami ou collègue de travail. Aider un proche que l’on aime va souvent de soi. On trouve ça normal, et on adapte sa vie pour le ou la soutenir. Mais souvent les aidants adaptent tellement leur vie, qu’ils ou elles s’oublient eux-mêmes, leurs besoins, leur santé, leurs projets. Les proches aidants font preuve d’une grande abnégation. Cette grande qualité qui leur permet de prendre soin au quotidien, contient un risque. Un risque très important et sous-estimé par les aidants eux-mêmes. Un risque qui peut mettre en péril le soutien en lui-même qu’ils apportent.
Le risque pour les aidants
Le principal risque pour les aidants, c’est de ne pas écouter leurs propres besoins et d’aller jusqu’à l’épuisement. Nous sommes tous capables d’encaisser beaucoup de choses : la souffrance de son proche, le manque d’intimité lié à l’hospitalisation à domicile par exemple, la gestion administrative chronophage, l’organisation quotidienne exponentielle (courses, ménages, repas, médicaments, traitements), l’accompagnement aux rdv médicaux… etc… Le nombre d’heures consacrées est immense, en plus de son travail et de sa vie de famille.
Plusieurs éléments rendent la situation difficile. Le surmenage ; un fort sentiment de culpabilité dû à l’impression qu’on en fait jamais assez ou qu’on devrait faire mieux ; un manque criant de reconnaissance, parfois de la part de son proche, ou du reste de la famille, et souvent de la part des professionnels de santé.
Comment se traduit-il ?
Un aidant épuisé, en manque d’énergie, sera un aidant fragile. Cette fragilité pourra se traduire de plusieurs façons :
- Sur le plan émotionnel : des sautes d’humeurs, un fort sentiment de culpabilité ou une forte colère devant l’impression que sa vie est comme prise en otage par la situation. Des difficultés à s’endormir ou des réveils nocturnes. Des angoisses par rapport à la santé de son proche.
- Sur le plan physique : le stress et l’épuisement ont un réel impact sur la santé. Maux en tous genres, maux de dos, de tête et fatigue vont parfois trouver des solutions dans la prise de médicaments ou d’alcool pour tenir le coup.
- Sur le plan relationnel : Une grande fatigue va avoir un impact sur la relation avec son proche. Un manque de patience devant la lenteur de son proche, des disputes fréquentes, des difficultés à trouver de la joie au quotidien.
- Au niveau de l’image de soi : Le passage d’un rôle familier, comme celui de la maman, du fils, de l’épouse, du mari, à un rôle de soignant, un rôle de technicien qui utilise des machines ou fait des piqûres. Les soins apportés par l’aidant peuvent être des soins douloureux alors qu’il ne souhaiterait que le bien être de son proche. Toute cette situation fait mal.
L’impact sur son proche
Le risque pour l’aidant, c’est de tomber lui-même malade et de ne plus pouvoir soutenir son proche. Il s’agit d’un impact réel, souvent relégué au second plan devant l’ampleur de la tâche quotidienne.
Le proche aidé perçoit aussi tout ce que fait son aidant et se sent aussi coupable d’être une telle charge dans la vie de son proche aimé. L’impact relationnel est tout aussi important.
Les aidants ont-ils besoin d’aller voir un psychologue ?
Il n’y a pas de règle en la matière. Là encore ça sera une évaluation de sa propre souffrance et difficultés au quotidien qui sera un déclic.
Oublier ses propres besoins et son propre bien être aura un impact sur son proche et sur la qualité de la relation. Beaucoup d’associations proposent une écoute, des ateliers, des séquences de répit pour les aidants.
En tant que psychologue, Silverpsy pourrait permettre à l’aidant de :
- Analyser son sentiment de culpabilité et reconnaître la valeur de son investissement.
- Prendre conscience de sa valeur, des qualités et compétences développées. Il pourra ainsi accéder à plus de reconnaissance envers lui-même.
- Prendre du recul sur son organisation quotidienne et l’améliorer.
- Reconnaître son besoin d’aide au quotidien et trouver des recours éventuels.
Silverpsy souhaiterait aussi :
- Ouvrir la parole à l’aidant et au proche aidé, pour leur permettre d’exprimer leurs difficultés aux quotidien, le sentiment de culpabilité, la colère et l’injustice de la situation.
- Ouvrir la parole au reste de la famille pour que tous soient sur la même longueur d’onde et comprennent bien l’enjeu de la situation. Peut-être que d’autres membres de la famille aimeraient aussi prendre soin du proche ?
Silverpsy pourra proposer des groupes de parole :
- Pour créer un réseau d’entraide parmi les aidants.
- Pour analyser les situations de chacun en groupe pour faire évoluer les points de vue et trouver de nouvelles solutions ensemble.
Pour conclure, la question du temps
Prendre du temps pour soi alors que 24h d’une journée ne sont pas suffisantes pour s’occuper de son proche est souvent impossible. Voilà ce que me disait une aidante dans un entretien : « les 45 min que je passe une fois par semaine pour prendre du recul, à réfléchir ou juste à pleurer m’apporte de l’énergie. Et cette énergie, j’en ai besoin au quotidien. » Le temps passé auprès de sa psychologue se transforme en énergie pour cette dame. Pour d’autres, c’est en sérénité que ça se compte. Dans toute la panoplie de propositions pour les aidants, peut-être qu’il y en a une faite pour vous ?
Références :
Dr Rossinot Hélène : Aidants, ces invisibles éditions de l’observatoire, Paris, 2019
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